Fille du professeur de lettres Eugène Polydouris et de Kyriaki Markakou, qui s’intéressait à la question féminine, Maria Polydouri publia, à l’âge de 14 ans, le poème en prose « O ponos tis manas » (« la peine de la mère ») dans la revue Ikoyeniakos Astir, et rassembla ses poèmes dans le recueil Margarites (« marguerites ») qui ne fut pas publié et finalement se perdit. Elle termina ses études secondaires à Kalamata, en 1918, puis fut nommée à la préfecture de Messénie. Après la mort de ses parents (1920), elle s’installa à Athènes en 1921 et s’inscrivit à la faculté de droit, qu’elle abandonna quelques années plus tard, en 1925. En 1922, elle fut mutée à la préfecture d’Athènes où elle rencontra le célèbre poète Kostas Karyotakis. Ils eurent une courte relation amoureuse qui la marqua. K. Karyotakis ayant refusé de l’épouser, elle se fiança avec Aristotelis Georgiou, mais le quitta peu après. Elle a évoqué le souvenir de son séjour dans la capitale dans Athinaïko Imeroloyio, 1921-1925 (« journal athénien, 1921-1925 »). En 1925, elle écrivit une longue nouvelle qu’elle laissa inachevée et sans titre. Ce texte de prose ne fut pas publié de son vivant mais figure dans ses Œuvres complètes, parues en 1982. Elle suivit aussi des cours de théâtre à l’école du Théâtre national et à l’école Kounélaki, et participa, en 1926, à la représentation de la pièce de Dario Niccodemi, To koureli (« la loque »). La même année, elle se rendit à Paris et y vécut intensément malgré les privations qui lui firent contracter la tuberculose et la conduisirent à l’hôpital de la Charité. Durant ce séjour, elle obtint un diplôme de couture à l’école Pigier. De retour à Athènes en 1928, elle fut hospitalisée au sanatorium Sotiria. Dans les deux années qui lui restaient encore à vivre jusqu’en avril 1930, elle publia les deux recueils poétiques I trillies pou svinoun (« les trilles qui s’effacent », 1928) et Icho sto chaos (« un écho dans le chaos », 1929). Cependant, elle était déjà connue par la publication, dès 1922, de poèmes dans des périodiques athéniens et de province, notamment la revue Esperos de Syros. Ses œuvres complètes contiennent aussi des traductions du français et des poèmes inédits.
La plupart des critiques ont vu dans son œuvre « un jaillissement de l’âme », et non « la transmutation d’une expérience de vie en un corps esthétique se suffisant à lui-même » (Cléon Paraschos). L’amour et la mort dominent dans sa poésie, qui se distingue par une vive sentimentalité, des exaltations romantiques et une disposition mélancolique. Le manque d’une certaine élaboration caractérise la forme. Cependant, dans son deuxième recueil qui fut écrit sous le coup du suicide de K. Karyotakis et dans l’attente de sa propre fin, les moyens expressifs se font plus sobres et le ton dramatique plus distinct, tandis que le désespoir alterne avec une volonté de résistance à l’anéantissement.
Nina PALEOU