Née de l’architecte Alfred Breslauer et de Dorothea, fille de Julius Lessing, directeur du Kunstgewerbemuseum (« musée des Arts décoratifs ») de Berlin, Marianne Breslauer découvre la photographie chez le galeriste Flechtheim à Berlin lors d’une exposition de Hanna Ries. Elle suit les cours de la photographe entre 1927 et 1929, et se lie avec l’avant-garde des artistes berlinois, tels Paul Citroen et Umbo, dont elle fait des portraits. En 1929, elle participe à la grande exposition Film und Foto de Stuttgart, puis, son diplôme obtenu, s’installe à Paris. Elle flâne en de longues promenades durant lesquelles elle photographie les gens, objets et scènes de la rue, à l’instar d’un Kertész, dont elle a vu certaines reproductions à Berlin. Ses images se caractérisent par des sujets en marge de la beauté d’un Paris touristique et par des cadrages originaux, proches de ceux de la Nouvelle Vision. Elle emploie la plongée (La Rotonde, 1930) ou des diagonales (Les Linges séchant). En juillet 1929, elle publie pour la première fois, dans le supplément féminin (Für die Frau) du Frankfurter Zeitung. Ce travail parisien qu’elle ne développe qu’à son retour à Berlin en 1930 lui permet d’entrer comme photoreporter à l’atelier Ullstein, maison d’édition spécialisée dans les beaux-arts et les sciences humaines. Elle produit une série sur les jeunes artistes berlinoises, parmi lesquelles l’écrivaine suisse Annemarie Schwarzenbach*. En 1932, elle quitte l’atelier Ullstein, séjourne à nouveau à Paris, où elle fait de nombreux portraits dont ceux d’Alfred Barnes, d’Ambroise Vollard et de Pablo Picasso. Elle publie dans de nombreux magazines, mais l’arrivée du national-socialisme en Allemagne, et la mise au pas de la presse qui en découle, met un frein à sa carrière. En 1936, elle émigre en Hollande et épouse le marchand d’art Walter Feilchenfeldt. En 1939, à la déclaration de la guerre, elle s’installe à Zurich, où elle dirige une galerie d’art, d’abord avec son mari, puis seule après le décès de ce dernier.
Anaïs FEYEUX
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions