Née en 1980 dans la Maré, l’une des favelas les plus violentes de l’État de Rio de Janeiro, Marielle Franco décide de rompre avec le déterminisme social lorsqu’elle perd une amie proche, fauchée à 18 ans par une balle perdue pendant une fusillade qui opposait les forces de l’ordre aux narcotrafiquants dans cette même favela où l’une et l’autre avaient grandi. M.Franco entreprend alors des études universitaires tout en militant en faveur des droits de l'homme. Diplômée en sciences sociales, puis en sociologie avec une spécialisation en administration publique, elle s’engage politiquement contre la violence faite aux femmes et aux habitants des favelas, d’abord dans des organisations non gouvernementales, comme le centre d’action solidaire de la Maré, puis en s’affiliant au parti socialisme et liberté (PSOL). En 2016, M.Franco est élue à l’Assemblée législative de Rio de Janeiro avec plus de 46 000 voix, et assume la présidence de la Commission pour les droits de la Femme. Ses actions et son engagement politique ouvrent en outre le débat autour de la négritude et du genre, de la défense de la population LGBT et des familles victimes de la guerre entre la police et les cartels de trafic de drogue. En moins de deux ans de mandat, la conseillère municipale présente plus d’une centaine de propositions et des dizaines de projets de loi, dont celui sur la garantie d'accès à l'avortement en cas de viol, d’ouverture de crèches nocturnes, ou encore contre le harcèlement dans les transports publics. Le 14 mars 2018, lors d’une embuscade au moment où elle quittait un rassemblement politique, M. Franco est exécutée de quatre balles dans la tête. Peu de temps avant sa mort, elle avait publiquement dénoncé les agissements de la police et de l’intervention militaire entraînant la mort de milliers de jeunes noirs et pauvres des quartiers populaires de Rio. À ce jour, et malgré la pression de la rue et des autorités internationales, ni les assassins ni les mandataires de ce crime n’ont été traduits en justice.
Izabella BORGES