Née d’une mère diplômée de Sciences-Po et avocate et d’un père médecin, Martine Coupez fait ses études secondaires au lycée Victor-Duruy dans le 7e arrondissement de Paris. Après un bac de math élem, elle choisit la pharmacie, attirée par la chimie, les sciences naturelles et la physique. Elle veut d’emblée faire de la recherche. D’abord interne des hôpitaux de la région parisienne – ce qui lui procure une indépendance matérielle –, elle est ensuite interne pendant trois ans à l’hôpital Broussais à Paris, où elle rencontre son mari Gilbert Aiach, interne en chirurgie. Malgré trois enfants en trois ans, M. Aiach ne délaisse en rien sa vie professionnelle. Elle s’intéresse tout particulièrement aux mécanismes de la coagulation du sang appelés « hémostase », et s’entoure d’un petit groupe de collaborateurs. Cette équipe va s’étoffer au cours du temps jusqu’à comprendre de nombreux chercheurs qui l’accompagneront jusqu’à sa retraite. La réussite de ses recherches la conduit à postuler auprès de l’Inserm, avec d’abord un contrat jeune formation, puis une Unité Inserm (U 428) en 1995, rattachée à la faculté de pharmacie. Son domaine de recherche est celui des maladies thrombo-emboliques en pathologie veineuse ou artérielle. La survenue de ces accidents est souvent familiale, liée à des anomalies de structure de certains facteurs ou inhibiteurs de la coagulation. M. Aiach s’intéresse à l’aspect génétique des déficits en antithrombine, un inhibiteur de l’enzyme de la coagulation, la thrombine, dont le défaut est responsable d’accidents très mal connus jusque-là. Dans les années 1980, elle est pionnière dans la mise au point de la technique de PCR, qui permet d’identifier les modifications à l’échelon moléculaire ainsi que des mutations de l’ADN dans les familles de malades. Ces découvertes placent son équipe au tout premier plan de la compétition internationale, d’autant que ces recherches se font en collaboration avec de prestigieux laboratoires et dans de nombreux pays. La régénération vasculaire est un espoir que M. Aiach envisage dès 2002, et qu’elle poursuit actuellement en mettant en place un réseau de recherche sur les progéniteurs endothéliaux. Il faut également souligner son enseignement, qui contribue à la formation des docteurs en pharmacie pour l’industrie pharmaceutique, la recherche et l’officine. L’apport de M. Aiach dans la compréhension des maladies thrombo-emboliques héréditaires et l’établissement de leur base moléculaire a été reconnu par l’attribution du prix Gaston-Rousseau de l’Académie des sciences et par de nombreuses invitations à prononcer des conférences au niveau national et international. Elle a été doyenne de la faculté de pharmacie de l’université Paris-Descartes de 2007 à 2012, année de sa retraite.
Yvette SULTAN