Considérée comme l’une des premières romancières de l’Algérie des années 1920, Maximilienne Fenech prend pour nom de plume Maximilienne Heller. Sa biographie demeure entourée d’ombre. Les spécialistes de littérature maghrébine l’ont d’abord présentée comme juive et classée parmi les auteurs judéo-maghrébins, avant de découvrir qu’elle portait le nom de Fenech et appartenait à la communauté maltaise du Maghreb. Issue d’un milieu défavorisé et orpheline de surcroît, elle fait de courtes études et doit gagner sa vie en donnant des leçons de musique et en jouant du piano pour accompagner des films muets dans un cinéma de Constantine. Elle commence sa carrière d’écrivaine en publiant des poèmes, des contes et des critiques littéraires dans des revues et des journaux algériens, tunisiens et français. Même lorsqu’elle s’établit à Paris, après son mariage en 1927, elle continue à faire le va-et-vient entre l’Algérie, la Tunisie, où elle a publié plusieurs de ses livres, et la France, où elle est soutenue et encouragée. Ce sont ses romans qui la font connaître du public : entre 1919 et 1939, elle écrit six ouvrages. Toutes ses œuvres, aussi bien les premières, qui ont pour cadre l’Algérie (La Détresse des revanches, 1919 ; La Mer Rouge, la plus célèbre, 1923) ou le Maroc (Les Hommes de proie, 1928), que la dernière dont l’action se situe à Paris (Les Pélardier, 1939), traitent de problèmes sociaux et offrent des tableaux réalistes des sociétés maghrébine et parisienne de l’époque. Animée par l’amour passionné de son pays natal, M. Heller rejette l’exotisme complaisant qui caractérise alors les ouvrages se rapportant aux sociétés coloniales. Par ses prises de position anticolonialiste et féministe, M. Heller apparaît aujourd’hui comme une pionnière et une femme d’avant-garde.
Najet LIMAM-TNANI