On observe, du XIIe au XVe siècle, une floraison de saintes femmes et d’écrits qui rendent compte de leur expérience « mystique ». Ce phénomène, qui témoigne de l’épanouissement de la religiosité auprès des laïques, s’explique par un ensemble de causes. Dans le cadre de la réforme grégorienne, des prédicateurs itinérants comme Robert d’Arbrissel s’adressent au peuple, notamment aux femmes. À partir du XIIIe siècle, la pastorale des franciscains et des dominicains s’inscrit dans la lutte contre l’hérésie cathare et suscite un besoin de textes en langue vernaculaire ; il faut aussi prendre en compte le développement du culte de la Vierge Marie* et de Marie-Madeleine*, toutes deux médiatrices, et images de pardon et de rédemption. À cette époque, l’accès des femmes aux ordres religieux traditionnels se fait cependant plus difficile, ce qui conduit à la mise en place de formes d’engagement religieux, de vocations et d’aspiration à la sainteté, hors de la clôture monastique, dans les tiers ordres ou dans des communautés de béguines.La question qui se pose à propos de ces écrits est celle de l’authenticité de la voix féminine, du filtrage que les...
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