Naïma Laouadi est la fondatrice de l’équipe nationale féminine de football d’Algérie. L’histoire du football féminin s’inscrit dans le combat des femmes pour leur liberté. À l’interdiction qui leur était faite en Europe au début du
XXe siècle de pratiquer ce sport réservé aux hommes, elles répondirent par la création de ligues féminines et l’organisation de compétitions. Il faudra attendre la fin des années 1960 pour que cette pratique soit reconnue, et 1991 pour que la Fédération internationale de football (Fifa) organise la première coupe du monde féminine. Il a fallu du courage aux jeunes filles maghrébines pour que, passé l’âge de l’enfance où elles jouaient au foot avec les garçons, elles puissent continuer à chausser les « crampons de la liberté ». En Algérie, rares étaient les clubs avec des sections de filles, organisant des tournois amicaux populaires mais non officiels. Athlète et judoka dans un pays où le sport à l’école était facultatif pour les filles, N. Laouadi forme une équipe féminine de football dans le club de sa ville natale, avec le soutien du dirigeant de la Jeunesse sportive de Kabylie. L’Algérie traverse alors une décennie de guerre civile entre armée nationale et groupes islamistes, et nombre de femmes sont agressées ou assassinées ;
Hassiba Boulmerka*, championne olympique, est menacée pour avoir couru en short. N. Laouadi ne cède pas au terrorisme et continue à sortir pour s’entraîner. Soutenue par le ministère de la Jeunesse, elle réussit à créer en 1997 la première équipe nationale de footballeuses, dont elle deviendra capitaine. Pour la première fois, une équipe féminine, arabe et tête nue, atteint les quarts de finale de la Coupe d’Afrique en 2004 et gagne la Coupe arabe en 2006. Le grand talent de cette pionnière lui ouvre une carrière de professionnelle en France et en Allemagne. Elle dispute nombre de compétitions internationales et se consacre aujourd’hui aux footballeuses algériennes. Si elle se réjouit de la multiplication des équipes féminines en Algérie, elle déplore l’insuffisance d’investissement en infrastructures et l’absence de femmes à la direction des instances sportives. Elle dénonce la misogynie des médias et leur manque de considération pour les indéniables talents des footballeuses.
Jacqueline PICOT