C’est à 18 ans qu’Elizabeth Jane Cochran débute dans le journalisme, embauchée au Pittsbugh Dispatch après avoir adressé au journal une chronique signée l’Orpheline solitaire. Devenue correspondante sous le pseudonyme de Nellie Bly, titre d’une chanson de l’époque, elle se spécialise d’emblée dans les reportages sur les conditions de vie des femmes actives et des ouvriers dans les usines. Quand ses employeurs l’affectent à des rubriques plus traditionnelles – jardinage, cuisine, mode –, elle démissionne et part pour le Mexique, d’où elle envoie des enquêtes sur la corruption et la pauvreté. Après son expulsion par le gouvernement mexicain, elle va à New York et entre au New York World, le journal de Joseph Pulitzer. Cependant, elle n’accèdera pas à la célébrité par le reportage social mais par un pari lancé par J. Pulitzer : faire le tour du monde en moins de quatre-vingts jours. N. Bly part le 14 novembre 1889, et relève le défi sans encombre, de bateau en train, d’omnibus en pousse-pousse. Elle n’a pas vu grand-chose des pays visités, mais son voyage très médiatisé grâce à son talent de conteuse lui assure une liberté de plume dont elle profitera par la suite. En 1895, elle épouse un industriel millionnaire. Veuve en 1905, elle entreprend de réformer l’entreprise de son mari selon des principes sociaux novateurs (suppression du travail à la pièce, construction d’un centre de loisirs pour les ouvriers, d’un club de pêche et de chasse, d’une bibliothèque). Elle fait néanmoins faillite et fuit ses créanciers en se rendant en Angleterre alors même que la Première Guerre mondiale fait rage. Elle y retrouve son métier et exerce comme correspondante de guerre jusqu’en 1919. De retour à New York, elle consacre ses derniers reportages aux enfants abandonnés (pour le New York Evening Journal). Elle est saluée comme une grande figure du journalisme par toute la presse américaine.
Christel MOUCHARD