Dans une société italienne patriarcale et soumise à vingt ans de régime fasciste, Nilde Iotti est de cette génération qui a lutté à la fois pour l’émancipation des femmes et pour la démocratie. Son père, militant du mouvement ouvrier et persécuté par le régime, meurt quand elle a 14 ans. Boursière, elle suit des études de littérature et philosophie, enseigne jusqu’en 1946 tout en s’engageant dans les groupes de défense qui mobilisèrent 70 000 femmes de tout âge dont 30 000 combattantes dans la Résistance. Depuis, elle n’a cessé de défendre les droits des femmes. En 1945, elle est secrétaire régionale de l’Union des femmes italiennes, proche du Parti communiste italien (PCI). En 1946, alors que les Italiennes viennent juste d’obtenir le droit de vote, N. Iotti est élue conseillère municipale et commence une longue carrière politique. La même année, le PCI la désigne membre de l’assemblée chargée de rédiger la nouvelle Constitution italienne. Elle y promeut le principe constitutionnel d’égalité des femmes et des hommes dans la société, le droit à travailler sans distinction de sexe, l’égalité juridique des époux et se prononce contre l’indissolubilité du mariage. Elle bataillera en 1974 pour le référendum sur le divorce et en 1978 pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse. En 1948, elle est élue députée à l’Assemblée législative et dépose en 1955 un projet de loi destiné à protéger les femmes au foyer par l’institution d’une pension et d’assurances. En 1962, elle est membre de la direction du PCI et pourra donner ensuite toute la mesure de son talent politique. En 1979 et jusqu’en 1992, elle est la première femme élue à la présidence de l’Assemblée législative, troisième charge de l’État. Faute d’avoir pu former une coalition, elle manque de peu la présidence du Conseil en 1987. En 1992, elle est candidate à l’une des plus longues élections présidentielles italiennes. Reconnue comme une grande dirigeante de la République italienne, N. Iotti fut respectée pour son sens de la modération et sa sagesse.
Jacqueline PICOT