Maria Nielli a 7 ans lorsque sa famille déménage à Monte-Carlo. À 12 ans, à la mort de son père, elle est engagée comme apprentie dans un atelier de couture. En 1897, elle débute comme petite main chez Bloch, à Paris, et chez Bakry où, à 18 ans, elle est promue première d’atelier. De son mariage avec Luigi Ricci (décédé en 1909) naît un fils, Robert, en 1905. Elle entre ensuite chez Raffin, où elle reste vingt ans, et devient associée. Très apprécié, son département demeure entièrement autonome. Quand la maison Raffin ferme, en 1929, la créatrice s’apprête à quitter le monde du travail, mais son fils Robert la convainc de se lancer avec lui dans l’ouverture, en 1932, de la maison Nina Ricci, 20, rue des Capucines, à Paris. Dès le premier défilé, c’est un succès. De 1932 à 1939, la maison s’étend et occupe 11 étages répartis dans trois immeubles. Moins importante que Lanvin, Nina Ricci attire néanmoins une plus grosse clientèle, peut-être en raison de prix plus raisonnables. Ses clientes sont des bourgeoises plus sensibles à la qualité qu’à l’extravagance. Parmi elles figurent Gaby Morlaix,
Suzy Delair* et
Danielle Darrieux*. Née de l’association d’une mère et de son fils, la maison Nina Ricci est un cas unique dans l’histoire de la haute couture. À l’origine des parfums, Robert Ricci lance entre autres
L’Air du Temps, en 1948, l’un des plus gros succès de l’histoire de la parfumerie. Les parfums font de Nina Ricci un empire qui continuera à se développer après la disparition de sa fondatrice. Dès sa création, le style Nina Ricci se reconnaît à son élégance très féminine. Richesse des matériaux, exécution irréprochable et perfection de la silhouette sont les maîtres mots de la maison. Technicienne hors pair, N. Ricci travaille à la manière d’une sculptrice, drapant le tissu directement sur le mannequin. Ses créations sont teintées de toutes sortes de réminiscences : Art déco, classicisme, baroque, romantisme, néoclassicisme… Son idée maîtresse est de privilégier la personnalité de chaque femme pour la mettre en valeur. Pour N. Ricci, l’élégance n’obéit qu’à un seul principe : être soi avant d’être vu.
Zelda EGLER