Un personnage de militante politique russe découvert au cinéma lui inspire très tôt son nom de plume. Ninotchka Rosca a étudié à l’Université des Philippines. Engagée dans les mobilisations étudiantes, elle a, à partir de 1968, régulièrement publié des articles dans le magazine philippin
Graphic, dont elle était directrice de la rédaction. Son premier recueil de nouvelles,
Bitter Country and Others Stories (« pays amer »), paraît en 1970. Sa critique du régime militaire de F. Marcos lui vaut, en 1973, six mois d’incarcération durant lesquels elle conceptualise ce qui deviendra plus tard
The Monsoon Collection, un recueil de nouvelles publié en 1983. En 1976, elle se réfugie aux États-Unis, où elle est de nouveau menacée d’emprisonnement pour ses activités de défense des droits humains. Comme beaucoup d’autres écrivains américano-philippins, elle a participé au Writing Program de l’Université de l’Iowa. Dans ses romans
State of War (« état de guerre », 1988) et
Twice Blessed (« deux fois bénis », 1992) et dans ses nouvelles, Ninotchka Rosca utilise le contexte des luttes nationalistes et anticoloniales pour dénoncer les formes variées de l’oppression subie par les femmes. Faisant écho dans ses fictions à ses propres engagements politiques, elle montre également comment s’articulent les exploitations sociales, raciales et sexuelles. Elle a notamment cofondé puis présidé Gabriela-Network, une organisation de femmes philippines aux États-Unis. Elle a également participé, à Tokyo, en décembre 2000, au Tribunal international des femmes pour la répression des crimes de guerre et de l’esclavage sexuel militaire commis par le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. N. Rosca a aussi publié deux essais politiques, dont l’un avec Jose Maria Sison, un des membres fondateurs du parti communiste des Philippines.
Gwénola RICORDEAU