Diplômée de l’Académie des beaux-arts de Tirana, Ornela Vorpsi quitte l’Albanie en 1991, à la veille de la chute du communisme, pour poursuivre ses études à Milan, où elle se forme à la photographie. En 1997, elle s’installe à Paris. Connue pour ses productions photographiques, elle expose en Allemagne, en Autriche, en France et en Italie. Ses clichés sont centrés sur l’image du corps féminin, corps nus souvent malmenés ou dissimulés, imprégnés de couleurs vives dans des décors cassés (Politique d’intérieur, exposition, Paris, 2002). Une monographie de ses travaux photographiques, Nothing Obvious, est publiée en Suisse en 2001. En 2008, elle se tourne vers la peinture : dans ce nouveau défi, About Tomoko emmène le spectateur loin des Balkans, dans une peinture où le nu est toujours à l’honneur, mais avec une facture plus classique. Parallèlement à la photographie et à la peinture, O. Vorpsi poursuit une carrière d’écrivaine en France, où elle publie en 2004 son premier ouvrage, Le Pays où l’on ne meurt jamais. Traduit de l’italien qui reste sa seule langue d’écriture, le livre qui oscille entre roman et recueil de nouvelles se présente comme une fable lucide et crue sur la dictature albanaise. L’ouvrage reçoit de nombreux prix. Depuis, elle a écrit et publié, toujours en France pour la première édition, plusieurs livres, désormais traduits en une quinzaine de langues : Buvez du cacao Van Houten (2005), où elle entremêle récits et clichés ; Vert venin (2007), roman sur l’exil, conçu comme une série de portraits de personnages blessés, poétiques, absurdes, qui font les Balkans d’aujourd’hui ; Tessons roses (2006), livre hybride alliant textes et photos, texte troublant donnant la parole à une jeune morte qui raconte quelques fragments de sa courte existence, ses amours esquissées, ses émotions fugaces, encore libres des contraintes des mots et de la morale. En associant la littérature à la photo et à la peinture, O. Vorpsi cultive un art atypique. Ses images, ses mots sont autant de variations sur l’exil et sur le corps dans tous ses états qui, dans ses images comme dans son écriture, tient une place centrale.
Persida ASLLANI
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions