Jeune femme illettrée, issue d’une basse caste, Phoolan Devi est âgée d’à peine 17 ans lorsqu’elle se révolte contre son sort et devient une véritable légende vivante dans l’Uttar Pradesh, l’une des régions les plus peuplées du nord-est de l’Inde. Mariée dès 11 ans à un homme trois fois plus âgé qu’elle, elle est traitée en esclave, battue, violée, abandonnée. En fuite, elle perd tout statut dans la société indienne. C’est alors qu’elle est enlevée par une bande de hors-la-loi, des
dacoïts, dont elle finit par prendre la tête. Reine des bandits, elle devient très populaire au début des années 1980 car elle s’attaque principalement aux Thakurs, caste des guerriers, classe dominante composée de riches propriétaires terriens exploitant les paysans des castes inférieures, en particulier ceux de la caste des Mallahs dont elle-même est issue. Volant non pour s’enrichir mais pour donner aux plus démunis, elle veut aussi incarner par son action la révolte des femmes face à la brutalité des hommes et à l’iniquité de la société. Finalement arrêtée et emprisonnée pendant onze longues années, la rebelle est libérée en février 1994, grâce à la pression populaire et à la médiation du Premier ministre de l’Uttar Pradesh, de basse caste comme elle. Déposant définitivement les armes, elle adhère au parti socialiste et, grâce à sa personnalité, se fait élire au Parlement national. Elle mène alors un nouveau combat contre le travail des enfants dans les usines de tapis et fonde une organisation offrant des cours d’autodéfense aux citoyens des basses castes. De plus, la militante, qui est toujours analphabète, veut témoigner. Elle confie pour cela ses souvenirs à l’éditeur international de la société Fixot : en 1996 paraît ainsi
Moi, Phoolan Devi, reine des bandits. Dans cet ouvrage, elle décrit son itinéraire et explique tout ce qui l’a conduite à devenir une femme en guerre contre la société de son pays. En 1994, déjà, était sorti un film de Bollywood sur son histoire :
Bandit Queen, de Shekhar Kapur. Mais ses ennemis ne lui pardonnent pas et l’assassinent en juillet 2001, devant sa maison de New Delhi.
Elisabeth LESIMPLE