Benjamine d’une famille de saltimbanques espagnols, Cristina Maria del Pino Segura Gomez n’a pas choisi de travailler au cirque, terrorisée par la marche sur un fil que son père lui impose à sa dixième année. Adolescente, elle doit remplacer au pied levé sa sœur Esther, trapéziste, décédée dans un accident de camion. Son assurance et son audace, révélées dès son premier essai au trapèze, lui valent le surnom de Pinito del Oro en référence aux dunes de sable doré de Guanarteme, le quartier où elle est née. Elle effectue sa carrière comme acrobate au trapèze Washington, inventé par Keyes Washington en 1870, discipline aérienne difficile, peu pratiquée, surtout par les femmes. Repérée par un agent du cirque Ringling Bros. and Barnum & Bailey en 1950, elle perfectionne pendant dix ans (1951-1960), à une hauteur vertigineuse, des équilibres parfaitement maîtrisés, debout ou sur un genou, imprimant à la barre, à la seule force de ses jambes, des impulsions telles qu’elle fait effectuer à son agrès oscillations et rotations, sans se tenir. Au terme d’exercices extravagants accomplis sur la pointe de ses ballerines, elle termine par un équilibre de tête sur la barre du trapèze en mouvement, bras et jambes écartés suivant les balancements de l’ensemble. Elle n’utilise ni chaise ni accessoire de jonglage, l’exploit seul et le rythme qu’elle lui donne, suffisent à emporter attention et ovations du public. Véritable mythe dans son pays, elle se retire en 1970, marquée par les multiples blessures occasionnées par trois chutes (1948, 1958 et 1968), puis se consacre à l’écriture de contes et nouvelles, dont
Cuentos de circo (« contes de cirque », 1957), et à ses mémoires,
Una vida en el trapecio (« une vie sur le trapèze », 1968).
Marika MAYMARD