Originaire d’un milieu ouvrier, Pola Gojawiczyńska fait très tôt l’expérience de la réalité sociale, puisqu’en 1905, prise dans le mouvement des émeutes, elle est expulsée de l’école primaire. Elle poursuit alors sa scolarité puis ses études à l’école clandestine et obtient un diplôme d’éducatrice. Sa carrière littéraire commence en 1915 avec la nouvelle
Dwa fragmenty (« deux fragments »), remarquée par la critique. Mais ce n’est que dans les années 1930 qu’elle peut, grâce à la protection de
Zofia Nałkowska*, se consacrer véritablement à la création. Ses premières œuvres ont une coloration sociopolitique : son recueil de nouvelles
Powszedni dzień (« un jour ordinaire », 1933) ainsi que son roman
Ziemia Elżbiety (« le domaine d’Élisabeth », 1934) retracent les conflits identitaires de la population de la Haute-Silésie. Dans
Dziewczęta z Nowolipek (« les jeunes filles de Nowolipki », 1935) et
Rajska jabłoń (« le pommier du paradis », 1937), l’accent est mis sur le déterminisme biologique et social qui pèse sur les milieux pauvres. Sa compassion pour le sort des femmes s’approfondit pendant la guerre et, plus encore, à la suite de son emprisonnement à Pawiak, geôle devenue symbole du pouvoir nazi à Varsovie. Cette expérience lui inspire de nombreux textes, dont le roman
Krata (« la grille »,
1945). D’autres écrits, publiés à titre posthume, portent la marque indélébile des souffrances de la guerre.
Maria DELAPERRIÈRE