D’origine russe, Rachelle Yarros naît près de Kiev dans une famille aisée. À 18 ans, elle est obligée de fuir la police tsariste pour activités subversives. À son arrivée à New York à la fin des années 1880, elle travaille comme couturière dans un atelier. Elle s’installe ensuite à Boston, où elle rencontre le journaliste anarchiste Victor S. Yarros, russe immigré comme elle, qu’elle épouse en 1894. Encouragée par son mari, elle est la première femme à entrer au College of Physicians and Surgeons de Boston. En 1893, elle obtient son doctorat de médecine au Woman’s Medical College de Pennsylvanie. Après un stage d’interne au New England Hospital for Women and Children de Boston, elle effectue un stage postdoctoral en pédiatrie à New York, puis à Chicago où, en 1895, elle ouvre un cabinet d’obstétrique et gynécologie. En 1897, elle est nommée instructrice en obstétrique au College of Physicians and Surgeons, clinique associée à l’école de médecine de l’université de l’Illinois, dont le personnel travaille à temps partiel et sans rémunération. Cinq ans plus tard, elle obtient un poste de professeure associée qu’elle gardera jusqu’en 1926. En 1908, outre ses autres activités, elle dirige un dispensaire d’obstétrique dans les quartiers ouest de Chicago. Peu à peu ses activités de réformatrice supplantent la pratique de la médecine. Fervente adepte de l’hygiène sociale, du contrôle des naissances, de l’éradication de la prostitution et des maladies vénériennes, elle fonde en 1914 l’American Social Hygiene Association, assume en 1915 la vice-présidence de la Social Hygiene League de l’Illinois. Elle dirige les programmes santé de Chicago et de l’Illinois, prend la tête du comité pour l’hygiène sociale de la General Federation of Women’s Club, et devient consultante pour le service des maladies vénériennes du United States Public Health Service. En 1923, après une décision favorable de la Cour de justice, elle ouvre la deuxième clinique pour le contrôle des naissances dans un quartier populaire de Chicago. Les réformes qu’elle a engagées impliquant non seulement une politique d’information mais aussi un changement d’attitude envers la sexualité, elle publie
Modern Woman and Sex en 1933. Elle consacrera également ses efforts à la lutte contre la délinquance des jeunes et à la libéralisation des lois sur le divorce.
Madeleine COTTENET-HAGE et Doris MÉNACHÉ-ARONSON