Fille d’un couple de danseurs, elle se produit dès l’âge de 4 ans dans la troupe familiale, pour des numéros de flamenco (son père est d’origine sévillane). La famille s’installe à Hollywood en 1928, où le père fonde une école de danse. Danseuse professionnelle à 12 ans, Margarita devient à 14 ans la partenaire attitrée de son père, qui la fait travailler avec acharnement. En 1933, ses premières démarches auprès des studios de cinéma échouent : on la juge trop ronde, trop brune… La Fox finit cependant par la remarquer et l’embauche comme danseuse en 1935, sous le nom de Rita Cansino, sur L’Enfer (Dante’s Inferno, Harry Lachman). Mais sa carrière ne démarre vraiment qu’en 1937, après un important remodelage physique qui la métamorphose en une séductrice à la crinière flamboyante ; rebaptisée Rita Hayworth (du nom de sa mère), elle restera cependant toujours introvertie et d’une timidité extrême. Entrée sous contrat à la Columbia, elle n’y est plus danseuse mais actrice, principalement sur des films d’aventures ou des policiers. Les années 1940 seront celles de son ascension : avec Seuls les anges ont des ailes (Only Angels Have Wings, Howard Hawks, 1939), La Blonde Framboise (The Strawberry Blonde, Raoul Walsh, 1941) et surtout Arènes sanglantes (Blood and Sand, Rouben Mamoulian, 1941, en Technicolor), elle devient très populaire. Elle reprend alors la danse pour des comédies musicales, notamment L’amour vient en dansant (You’ll Never Get Rich, Sidney Lanfield, 1941) et Ô toi ma charmante (You Were Never Lovelier, William Seiter, 1942), sur lesquels elle fait preuve d’une maîtrise technique et d’une grâce égales à celles de son partenaire Fred Astaire. La Reine de Broadway (Cover Girl, Charles Vidor, 1944, avec Gene Kelly) lui donne une réputation internationale. Surnommée « déesse de l’amour », elle devient au cours de la décennie le symbole des États-Unis. Gilda (Charles Vidor, 1946), généralement retenu comme son film le plus populaire, lui confère la dimension d’un mythe, sabordé deux ans plus tard avec La Dame de Shanghai (The Lady from Shanghaï, réalisé par Orson Welles, que la star a épousé en 1943). Les cheveux courts et blonds, elle y interprète Elsa, une manipulatrice sans scrupules qui finit par agoniser seule dans un labyrinthe de miroirs brisés. Le sacrifice de la chevelure-symbole pour la création d’un personnage féminin cupide et immoral, au cœur d’une œuvre hors norme, est très mal reçu. Le film est un désastre financier. La carrière de R. Hayworth devient ensuite plus chaotique, avec de fréquentes interruptions liées à une succession de mariages et de divorces : elle quitte plusieurs fois Hollywood de 1948 à 1959. À chacun de ses retours, elle parvient cependant à reprendre le cinéma, avec même quelques grands succès comme La Blonde ou la Rousse (Pal Joey, George Sidney, 1957) ou Tables séparées (Separate Tables, Delbert Mann, 1958). Elle a par ailleurs créé en 1948 la Beckworth Corporation Production, qui a produit deux films où elle joue, en 1948 et 1952. Les rôles s’espacent dans les années 1960 où, dans ses rares apparitions, elle montre pourtant un réel talent de comédienne, capable d’énergie et d’humour. Elle ne fait plus rien de notable après 1966, sauf Sur la route de Salina (Road to Salina, Georges Lautner, 1970). Elle cesse de tourner en 1972, après avoir joué dans une cinquantaine de films pendant près de quarante ans. Elle déclare une maladie d’Alzheimer en 1980, dont elle meurt en 1987.
Pascale RISTERUCCI