Née dans une famille juive originaire d’Ukraine et de Biélorussie immigrée aux États-Unis, Ruth Landes suit un doctorat en anthropologie sous la direction de Franz Boas et de Ruth Benedict*. Dans les années 1930, elle mène une intense recherche sur les Indiens ojibwa de l’Ontario (Canada), puis sur les Santee Dakota du Minnesota et les Praire Potawatomi du Kansas. À l’invitation de Robert E. Park, elle entre au Black College de la Fisk University à Nashville (Tennessee) et part au Brésil, considéré alors comme une société multiraciale pacifique. Elle étudie à Salvador de Bahia les candomblés, religions d’origine africaine dirigées pour la plupart par des femmes. Ce travail de terrain se fait dans un climat de forte tension politique et académique, en raison de disputes universitaires entre les chercheurs travaillant sur les questions raciales. Cette étude donne naissance à son œuvre la plus connue, City of Women (1947), qui devient une référence pour la compréhension du rôle des femmes et des homosexuels dans les religions afro-brésiliennes.
Après son retour aux États-Unis en 1939, R. Landes s’engage dans plusieurs actions concernant les immigrants latino-américains et s’intéresse aux domaines de l’éducation et des processus de vieillissement. Elle entame également un vaste programme de recherche sur le bilinguisme et le biculturalisme, en choisissant des terrains en Espagne, en Suisse et en Afrique du Sud. En raison de divers préjugés touchant aux sujets de ses recherches, ce n’est qu’en 1965 qu’elle obtient un poste permanent qui la rattache définitivement à la McMaster University à Hamilton (Ontario, Canada). En 1977, vient enfin la reconnaissance de ses pairs qui la nomment professeure émérite. Ses archives sont conservées à la National Anthropological Archives Smithsonian Institution (Washington, D. C.).
Miriam GROSSI