Fille d’un conseiller juridique, Salwa Hegazy reçoit une formation en arabe et en français au Caire. Elle développe des programmes culturels et pédagogiques pour la télévision égyptienne pendant treize ans et reste à ce titre extrêmement populaire et appréciée. Sa nature sensible et altruiste se lit aisément dans son activité publique comme dans son œuvre poétique, tragiquement interrompues par un accident d’avion. Son œuvre a été plusieurs fois récompensée à titre posthume. Développant dans sa poésie de grands thèmes lyriques : amour, mort, tristesse, aspiration à la liberté, la créatrice manifeste son attirance romantique pour les paysages, notamment égyptiens, et pour la nature en général. Les titres de ses recueils alternant joie et mélancolie sont clairement placés sous le signe de l’antithèse, comme Ombres et clarté (1964). Sa poésie, mélodieuse, en apparence spontanée et à la rime facile, vise à une communion des cœurs ; sa pensée se traduit par de grands symboles accessibles à tous. Elle invoque Louis Aragon comme modèle. Sources d’évasion, de ressourcement, mais traduisant aussi un questionnement plus angoissé, ses poèmes suggèrent souvent une libération des contraintes de la vie sociale et une vie insouciante comme celle du papillon : « Je déroulerai ma chevelure/qui s’envolerait à l’infini ! » Énonçant aussi sa compassion pour les femmes et les enfants pauvres, la poétesse aspire à une mort qui annulerait la crainte d’un avenir funeste. Jours sans fin (1970) reprend la tonalité romantique de ses premiers poèmes, mais certains textes, plus réalistes, expriment aussi la relation maternelle.
Marc KOBER