Née dans la tribu des Naimans, dans la région d’Aksu, près d’Almaty (Viernyï jusqu’en 1921 puis Alma-Ata), Sara Tastanbekkyzy est l’une des premières poétesses issues de la tradition orale à pratiquer l’art des joutes oratoires, accompagnée à la dombra (instrument traditionnel à cordes du Kazakhstan), en cette seconde moitié du XIXe siècle qui marque le réveil culturel des steppes kazakhes. Celle qui, dans son art, devient akyn (« improvisatrice » en kazakh) Sara, est connue pour ses nombreux poèmes et chants qui évoquent la soif de liberté, les grands espaces et la profondeur des sentiments humains : « Serdtse » (« le cœur »), « Zapadnia » (« le piège »), ainsi que de nombreux autres portant sur la détresse des femmes, la cruauté dont elles sont victimes et l’injustice régnant dans les « villages de yourtes » (aoul). On citera ainsi : « Achyndym », (« les secrets des cœurs »), « Djaïlaou » (« l’estive »), « Prochtchaï moï aoul » (« adieu mon village »). Des monuments à la mémoire de la poétesse ont été érigés dans la province d’Almaty, dans le district d’Aksu et à Taldykorgan. Moukan Toulebaïev lui a consacré un opéra intitulé Birjan i Sara pour commémorer le duel poétique qui l’a opposé à l’akyn Birjan-Sal Kojagoulouli (1831-1897). L’encyclopédie de la République socialiste soviétique du Kazakhstan Kratkaïa Sovietskaïa Entsiklopediia Kazakhstana lui a dédié un article en 1991. T. Kalilakhanov lui a consacré un livre en 1993.
Catherine POUJOL