À l’âge de 3 ans, Soledad Puértolas ainsi que sa mère, atteintes du typhus, passent un mois cloîtrées dans la maison de la grand-mère maternelle à Pampelune. Cet alitement est propice à la lecture, plaisir que mère et fille, étroitement liées, partagent. L’adolescente a 14 ans quand sa famille s’installe à Madrid. Elle fait des études de journalisme et de sciences politiques, et mène une vie mouvementée à l’université, dont elle sera expulsée en raison de son engagement politique. De 1968 à 1970, elle travaille à la revue
España Económica. Elle se marie en 1969 ; le couple part peu après en Norvège, puis en Californie, où naît son premier enfant, Diego Pita. De retour en Espagne en 1975, elle s’établit près de Madrid. En 1979, son premier roman,
Le Bandit doublement armé, reçoit le prix Sésame. Sa carrière culmine avec
Queda la noche (« reste la nuit », 1989), qui obtient le prestigieux prix Planeta. Elle travaille quelque temps au ministère de la Culture, dirige les éditions
Destino, collabore à la revue
Qué leer. Elle fonde une librairie-café et lui donne le nom de sa première œuvre. Romans, articles, récits se succèdent. Ses écrits évoluent du réalisme symbolique vers l’intimisme : elle crée des personnages nostalgiques, voués à une solitude honnie, et dont la vie s’écoule en vaines attentes.
Con mi madre (« avec ma mère », 2001), consacré à la mort de sa mère, évoque la poignante douleur de la perte et de l’absence, mais aussi la lutte contre l’oubli. Dans
Compañeras de viaje (« compagnes de voyage », 2010), elle exprime son admiration pour les femmes et sa complicité avec elles.
Bordeaux (1986) témoigne de l’influence de la littérature et de la culture française dans son œuvre. Plusieurs de ses livres ont été traduits en français. L’écrivaine jouit d’une renommée internationale et a récolté plusieurs grands prix littéraires. Le 28 janvier 2010, cinquième femme à mériter cet honneur, elle entre à l’Académie royale de langue espagnole.
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