Tomaso Binga (qui a été mariée avec le critique d’art Filiberto Menna) déclare avoir choisi un pseudonyme masculin pour parodier les privilèges culturels réservés aux hommes. Ce jeu de discrédit, passant par une identité sexuelle travestie (thème qui occupe toute son œuvre), part de la démystification de la différence des sexes dans l’écriture et dans la langue. Elle vit à Rome où, depuis 1970, elle poursuit son inlassable activité d’organisatrice d’événements d’avant-garde avec des performances, des collages, des œuvres de vidéo-poésie sonore et de peinture, dans le cadre d’une véritable contamination des codes – écriture, gestes, corps, signes, sons et images –, très souvent poussée à la limite du non-sens, comme, par exemple, dans E non uscire di casa (« et ne sors pas de chez toi », 1977), Abecedario (« abécédaire », 1981), In dovina cos’è (« devine ce que c’est », 1987), Rimerotiche (« rimes érotiques », 1992) et Vorrei essere un vigile urbano (« j’aimerais être gardien de la paix »). Véritable accoucheuse d’images, T. Binga affiche un esprit provocateur et des opinions hors du commun, mais pour comprendre son mode d’invention multiple, ludique et engagé, il faut se référer, plutôt qu’à une répétition des épreuves futuristes, aux thèmes antisexistes de la différence des sexes, à la psychanalyse appliquée au langage, aux archétypes œdipiens. Dans ses innombrables œuvres et performances, il est toujours question d’une heureuse libération sexuelle des mots, à l’aide de refrains, de stéréotypes, de devinettes et d’une dissémination matérielle des signes.
Enza BIAGINI
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions