Fille d’un pasteur méthodiste blanc et d’une mère amérindienne, Tori Amos fut une pianiste prodige. À 3 ans, elle joue du Mozart et, à 5, est la plus jeune élève du conservatoire Peabody de Baltimore, avant d’en être renvoyée à cause de son indiscipline. Elle passe son adolescence à se produire dans les bars, surveillée de près par son père. Puis, à 21 ans, elle part pour Los Angeles où des producteurs lui proposent d’enregistrer un disque, Y Kant Tori Read. L’album ne remporte pas le succès attendu. Elle joue dans des bars à strip-tease, tourne dans des publicités, comme mascotte de céréales entre autres. Quatre années lui seront nécessaires pour publier un deuxième opus, Little Earthquakes, bien mieux accueilli. Dans celui-ci on découvre la chanson Me and a Gun, dans laquelle elle parle de l'agression sexuelle subie plusieurs années auparavant. Ses textes mystiques plaisent au jeune public qui apprécie son mélange de pop, d’électronique et de jazz. Chacun de ses albums témoigne de la variété de sa palette, comme American Doll Posse, où la chanteuse prouve qu’il est possible de créer une pop commerciale avec des arrangements riches – cordes, ukulélé, mandoline, mellotron, piano électrique et acoustique. Chaque concert de T. Amos frappe par son ampleur et ses moyens. Elle y apparaît comme une figure gothique, fascinante, cultivant aussi la rareté. Parallèlement, elle développe des actions de sensibilisation sur les violences sexuelles faites aux femmes, notamment à travers l'association RAINN (Rape, Abuse and Incest National Network), qu'elle a aidé à cofonder et pour laquelle elle a organisé des concerts de charité.
Stéphane KOECHLIN