D’expression suédoise, fille d’un père sculpteur et d’une mère illustratrice, Tove Jansson doit sa célébrité mondiale à l’invention de personnages de trolls nommés Moumines, auxquels elle consacre des histoires appréciées tant par les enfants que par les adultes et traduites dans une trentaine de langues, ce qui fait d’elle l’auteur finlandais le plus traduit. Après des études à l’École des beaux-arts de Stockholm dans les années 1930, elle est caricaturiste dans un journal humoristique, prenant entre autres pour cibles Staline et Hitler. Sa percée internationale remonte au début des années 1950, lorsque Moumine le Troll paraît en anglais. En 1954, avec son frère, Lars Jansson, elle lance le personnage de Moumine en bande dessinée dans le quotidien anglais Evening News, ce qui contribue à sa popularité, tout comme les séries animées qui en sont dérivées. Dans les neuf romans de Moumine (1945-1970), elle crée le rêve d’une enfance en apparence toujours heureuse. La vallée de Moumine se présente comme une utopie qui s’apparente à la fois à un pays de rêve exotique et à l’archipel finlandais. Derrière ses histoires à rebondissements se cachent nombre de questions existentielles, car, dans la famille de Moumine, l’harmonie est toujours menacée. Des thèmes centraux dans les histoires de Moumine, comme l’opposition de l’ordre et du chaos ou le conflit entre le besoin de liberté et celui de relations intimes, caractérisent aussi ses romans pour adultes, avec en plus des motifs érotiques et homosexuels. Le monde des Moumines fait désormais partie intégrante de l’identité finlandaise, et un musée qui rassemble environ 2 000 œuvres originales de l’auteure lui est consacré. T. Jansson a aussi publié des albums, dont Qui va rassurer Tounet ? (1960) qui, au travers d’une histoire d’amour, évoque le thème de la solitude opposée au désir de communauté. Comme Moumine, Tounet est un antihéros peureux et timoré. Cet album illustre l’ironie de T. Jansson face aux stéréotypes de l’homme fort et de la femme fragile. Constamment active dans ses deux domaines de prédilection, la peinture et la littérature, elle est l’auteure de peintures murales, de retables et de scénographies, a écrit des chansons et une autobiographie, Bildhuggarens dotter (« la fille du sculpteur », 1968), qui décrit le milieu où elle a grandi. Son dernier livre, Meddelande (« message », 1998), est un recueil de nouvelles.
Lena KARELAND