Seconde fille du célèbre romancier Dazai Osamu (1909-1948), Tsushima Yūko commence sa carrière vers 20 ans dans le cercle littéraire Bungei-Shuto (« la Capitale littéraire »). Dès ses premiers romans, le thème de l’absence du père est omniprésent. Les œuvres de cette époque tentent de décrire la solitude des femmes ainsi que leur lien fragile et indissoluble avec leurs enfants. La fiction insérée dans la réalité quotidienne nous transmet l’image de la féminité sensuelle – comme dans
La Femme qui court dans la montagne (1980) –, souvent oubliée dans la société. Ainsi apparaît la figure de la femme résolue, par exemple dans l’un de ses chefs-d’œuvre,
L’Enfant de fortune (1978). L’imagination de Tsushima Yūko prend plus d’ampleur ces dernières années et fait s’entrecroiser la force mythologique de l’histoire du Japon et la puissance originelle du rapport entre mère et enfant. Dans
Hi no yama (« la montagne du feu »), les documents historiques sur l’éruption du mont Fuji se mêlent à la description d’une histoire familiale, en sublimant le lien entre une mère et son enfant dans une image de l’accouchement. Dans
Nara repōto (« le rapport sur Nara »), l’histoire d’une mère et de son enfant, variant et se dépliant sans cesse, débouche sur une légende qui se trouve dans l’histoire de Nara, ancienne capitale du Japon. Le travail de Tsushima Yūko exprime aujourd’hui la puissance de la maternité dans le contexte de la mythologie du Japon ancien.
OHASHI KANTARO