Avec le roman Ytterst i havet (« au bout de la mer », 1950), qui traite de la lutte intérieure d’un pasteur de l’Église non conformiste, aux prises avec sa foi, Ulla Isaksson atteint la maturité littéraire. Le roman historique Dit du icke vill (« là où tu ne veux pas aller », 1956) raconte l’histoire d’une femme injustement accusée de sorcellerie dans la Suède du XVIIe siècle. De två saliga (« félicité à deux », 1962), roman d’amour original centré sur le phénomène de la folie à deux, s’interroge sur ce qui est sain ou maladif dans l’amour. Kvinnohuset (« la maison des femmes », 1952) et FödelseDagen (« l’anniversaire », 1988) offrent de chaleureux portraits de femmes confrontées aux problématiques des rapports entre les sexes. D’une manière originale, indépendante et en interaction avec son époque, l’auteure fait évoluer ses thèmes vers une complexité accrue. À partir des années 1970, l’éducation chrétienne reçue dans son milieu familial passe au second plan, et elle s’engage plus consciemment dans les questions féminines. Dans Paradistorg (« le marché du paradis », 1973), elle conjure les mères de ne pas négliger leurs enfants, craignant qu’ils ne deviennent insensibles par manque d’amour. En parallèle, elle écrit également les scénarios de deux films d’Ingmar Bergman primés au festival de Cannes : Au seuil de la vie (1958) et La Source (1960), inspiré d’un conte médiéval de la tradition suédoise. Dans son récit intime Boken om E (« le livre de E », 1994), elle exprime ses émotions face à la maladie mentale de son compagnon de vie, son mari, Erik Hjalmar Linder, critique et historien littéraire, avec qui elle avait publié en 1997 et 1980 la biographie en deux volumes de l’écrivaine suédoise Elin Wägner*.
Inger LITTBERGER CAISSOU-ROUSSEAU