Première poétesse musulmane de Bosnie, Umihana Čuvidina débuta en poésie en 1813, après la mort de son fiancé Čamdzi Mujo Bajraktar dans une bataille contre les insurgés serbes. Elle écrivait en langue populaire bosniaque, mais en alphabet arabe, l’aljamiado. Influencée par la poésie populaire, et non par les écrits religieux, elle chanta son deuil et son amour en les mêlant à des épisodes de combats épiques. Conformément aux conventions de l’époque, U. Čuvidina n’évoquait jamais l’amour ou la fin tragique de son fiancé, se contentant de vanter sa beauté et son courage. Nombre de ses poèmes sont considérés comme faisant partie de la poésie populaire. Par son deuil exemplaire et son refus de se marier, la poétesse fut connue dans le peuple sous le nom de Sevda (d’après sevdah, « tristesse », « mélancolie »). « Sarajlije idu na vojsku protiv Srbije » (« les Sarajeviens vont à la guerre contre la Serbie »), composé de 79 vers octosyllabiques et décasyllabiques, est son seul poème préservé sous forme écrite.
Dragana TOMAŠEVIČ