Si son lieu et sa date de naissance restent incertains, on sait qu’elle appartient à la noblesse des Montbéliard, apparentée à la maison royale de France de la dynastie Valois. Yolande de Bar est, par son mariage, duchesse de Gérone, comtesse de Cerbère, reine d’Aragon, de Valence et de Majorque. Le conflit qui l’oppose à Sibilla de Fortià (1350-1406), sa belle-mère, prend de telles proportions que des partis se créent autour de chaque dame. Son mari, Jean I
er d’Aragon fait emprisonner sa mère et transférer tous ses biens à son épouse. Après quoi, pendant neuf ans, celle-ci favorise les rapports avec la France dans le domaine de la culture écrite, de la musique et de l’art. Sa cour aragonaise devient le lieu de rendez-vous de troubadours de Provence. Quand Jean I
er meurt, sans descendance mâle, lors d’une partie de chasse, la couronne doit échoir à son frère Martí. La reine d’Aragon lutte durement, et après un long procès, se consacre à l’éducation de sa fille unique, en exigeant de son frère, Louis I
er de Bar, une partie de l’héritage familial. Elle obtient le duché de Bar, qu’elle cèdera à son petit-fils. Femme de caractère et dotée de grandes capacités à gouverner, elle possède un savoir profond et soutenu de la langue catalane, partagé avec son époux dans une période difficile. Ses textes sont le fruit de l’activité épistolaire entre chancelleries royales. Elle entretient une riche correspondance en latin, catalan et aragonais, qui fait l’objet d’études. Des écrivains modernes s’inspirent de sa personne pour raconter une époque :
Intrigues de palau (« intrigues de palais », 2006), de María Carme Roca (1955), présente ces femmes qui, ne pouvant accéder ouvertement au pouvoir, usent de stratégies pour obtenir ce qui leur est refusé.
Concepció CANUT