Virginia Woolf passe son enfance dans un milieu de culture intellectuelle et artistique foisonnante. Elle apprend le grec, le latin, l’allemand et l’histoire dans un collège londonien (1897-1901), tout en étant sujette à plusieurs dépressions nerveuses, suite à la mort de sa mère et d’une de ses sœurs, mais aussi suite à des abus sexuels de ses demi-frères. À 22 ans, elle devient l’égérie du Bloomsbury Group et elle épouse Leonard Woolf en 1912. Tous deux fondent la Hogarth Press, qui édite Forster, T.S. Eliot et, à partir de 1921, les œuvres complètes de Freud. En 1915, elle publie son premier roman,
La Traversée des apparences (
The Voyage Out). En 1928, elle commence une liaison amoureuse avec
Vita Sackville-West* sans pour autant négliger son mari. Après ses immenses succès littéraires, sa santé mentale se dégrade et elle se suicide par noyade. Elle est certainement la plus grande innovatrice de la littérature anglaise, développant et affinant, après
Dorothy Richardson*, la technique du « courant de conscience » sans la séparer d’un engagement politique et féministe radical. Dans
La Chambre de Jacob (
Jacob’s Room, 1922), son premier chef-d’œuvre, le personnage principal est un jeune homme en quête de la réalité des choses.
Mrs Dalloway (1925) estompe les limites entre la conscience, les moments et les espaces, mêlant style direct et style indirect libre, omniscience et monologue intérieur, et, en même temps, dénonciation de l’oppression économique et sexuelle et du narcissisme bourgeois. Deux ans après,
La Promenade au phare (
To The Lighthouse, 1927) célèbre l’amour de la femme en tant que créatrice du sens des choses. Dans
Orlando (1928), récit léger mais brillant, un jeune homme se transforme en femme lors d’un voyage à Constantinople.
Trois Guinées (
Three Guineas, 1938) est un essai engagé qui examine les difficultés des femmes devant le pouvoir masculin et prône un changement dans leur éducation et leur statut social.
Entre les actes (
Between the Acts, 1941), publié après sa mort, résume, en fait, l’ensemble de l’œuvre, récit symbolique, lyrique, de dégradation et de résurgence, prose et poésie mêlée, qui englobe l’histoire de l’Angleterre, méditation sur le temps, l’ambivalence sexuelle et la transformation de la vie par l’art.
Michel REMY