Première nouvelliste éthiopienne de langue amharique, Yezena Werku, malgré la séparation de ses parents, passe une enfance très heureuse, élevée par sa mère et son grand-père maternel dont elle adopte le nom. Ayant obtenu son brevet d’études, elle part en vacances chez son père à Nazareth, ville située au sud de l’Éthiopie, à plusieurs centaines de kilomètres de chez elle. La « terreur rouge », qui fait suite à la révolution de 1974, l’empêche de retourner à Gondar. Elle doit alors rester à Nazareth pour poursuivre sa scolarité au lycée. En 1982, elle s’inscrit à l’Institut des langues de l’université d’Addis-Abeba pour étudier l’amharique et obtient une licence. En 1986, elle commence à travailler comme fonctionnaire, chargée des relations publiques au ministère des Finances. Elle signe à l’âge de 13 ans son premier texte, une esquisse d’un roman d’amour. Sa mère le brûlera par sécurité, au plus fort de la terreur des années 1976-1978. Ses quatre premières nouvelles sont publiées en 1983 : Samat (« embrasse-la ») raconte l’histoire d’un amour contrarié ; Sännayit (« Senaït ») relate la vie d’une jeune femme stérile dans une société où la maternité est reine ; Yätäraqqwätä ədmé (« la vieillesse ») décrit la solitude des vieux jours quand il n’y a ni enfants, ni héritiers ; enfin Zəmmətayé (« mon silence ») évoque le parcours d’une femme maltraitée qui adopte le mutisme comme arme de défense. En 1986 s’ajoutent deux autres ouvrages : Yäqərb ruq (« un proche lointain ») retrace le cheminement d’un couple où l’amour est absent, et Yämämmäräqiaw ləbsé (« ma tenue de cérémonie ») raconte l’expérience de vie d’une étudiante inconséquente et les risques qu’elle fait courir à ses proches. Une dernière nouvelle, Ma’ədot (« le passage »), destinée à inciter les jeunes et les moins jeunes au dépistage du virus du sida, paraît en 2003. Après plusieurs biographies, l’auteure parvient à publier, en 2009-2010, son roman Yädärasi-wa fayl (« le dossier de l’écrivaine »), achevé six ans plus tôt. Parallèlement, elle écrit des livres pour enfants, dont Yafənč’o bärr wäfočč (« les oiseaux d’Afenc’o Ber »), histoire d’un oisillon, et Yəqərta (« excuse-moi »), récit sur le sens du pardon. Yezena Werku est cofondatrice présidente de l’association des femmes écrivains, Zema Bə’ər.
Delombera NEGGA