Fille du poète et critique Yoshimoto Takaaki, Yoshimoto Banana a pris son pseudonyme en raison de la vivacité de la fleur rouge de la banane. Elle a commencé à écrire des récits à l’université Nihon et a développé le thème du rétablissement après le deuil et la solitude, surtout dans
Kitchen (1987, prix du jeune espoir Kaien et prix Izumi en 1988). Grâce à la simplicité de l’intrigue (qui tient du
shōjo manga), à l’originalité de son phrasé (nombreuses césures, langage familier) et au lyrisme qui se dégage de la sensibilité de ses jeunes personnages,
Kitchen et ses premières œuvres comme
Tugumi (1989) ont connu un immense succès, notamment auprès des jeunes lectrices. L’impact de cette écrivaine qui représente la nouvelle génération de l’ère Heisei (1989-) a été tel qu’on a parlé du « phénomène Banana ». Ses personnages vivent dans une société japonaise confrontée à la décomposition des institutions traditionnelles, à la recherche de nouvelles valeurs. Dans
N.P. (1991), le suicide de son amant jette la narratrice dans diverses relations d’amitié et/ou d’amour comme l’inceste et l’homosexualité ;
Amurita (1994, prix Murasaki-Shikibu) dépeint le parcours d’une héroïne qui recompose sa mémoire perdue grâce à l’aide de personnages dotés d’un pouvoir surnaturel. Si l’intérêt pour le surnaturel est constant chez cette auteure, les phénomènes tels que télépathie, revenants, retrouvailles dans le rêve sont intégrés au quotidien, comme dans
Dur, dur (1999). Ses romans des années 2000, comme
Deddo-endo no omoide (« le souvenir d’une impasse », 2003), témoignent de la confiance (re)trouvée dans la force de guérison offerte par la nature humaine même. Son succès mondial aidant – Yoshimoto Banana est couronnée de la Maschera d’Argento en Italie en 1999 –, elle ne cesse d’élargir ses domaines d’activités en publiant de nombreux essais, des séries de nouvelles basées sur ses voyages à l’étranger comme
Le Dernier Jour (prix Bunkamura-Deux Magots, 2001) et des ouvrages en collaboration avec des artistes comme Nara Yoshitomo (1959).
FUKAGAWA AKIKO