Considérée comme la première femme journaliste chinoise, Yu-Fang Qiu voit le jour dans une zone prospère et ouverte à l’Occident. Extrêmement brillante, elle étudie dès l’âge de 11 ans avec son oncle, qui l’éveille aux lettres et à l’histoire chinoises, à l’anglais, à l’actualité et à l’histoire internationale. En 1897, elle se révèle en traduisant en chinois un livre non classique qu’elle publie et distribue elle-même. L’année suivante, au début de la réforme des Cent Jours, politique progressiste de l’empereur Guangxu visant à moderniser et à industrialiser le pays, Yu-Fang Qiu et son oncle se donnent pour mission de proposer une presse nouvelle. Ils fondent
Wuxi Baihua Bao (« le journal en langue courante de Wuxi »), une des premières publications en chinois non classique, ayant pour vocation de promouvoir auprès d’un large public les réformes d’un point de vue pratique. Tourné vers l’Occident, l’actualité internationale, la connaissance des auteurs étrangers, le journal devient très influent, et sa distribution passe rapidement à l’échelle nationale. Yu-Fang Qiu, qui en est le pilier, y fait plusieurs coups d’éclat, notamment avec un article défendant l’égalité des écoles de garçons et des écoles de filles. Dans la même perspective, elle crée avec son oncle et deux autres associés une association réputée d’étude du chinois non classique. Cependant, après l’échec des Cent Jours, toutes ces initiatives s’arrêtent.
Wuxi Baihua Bao est supprimé, de même que l’association et le
Journal d’étude féminine en langue officielle. Comète ayant illuminé la presse chinoise progressiste, Yu-Fang Qiu meurt du choléra à l’âge de 33 ans.
Audrey CANSOT