Grande figure de la peinture russe du début du XXe siècle, Zinaïda Sérébriakova est issue d’une famille d’artistes : son père d’origine française, Evguéni Lanceray, sculpteur équestre ; son grand-père maternel, l’architecte Nicolas Benois ; son oncle maternel, le peintre et critique d’art Alexandre Benois, membre fondateur du Mir Iskousstva (« monde de l’art »), qui encourage la vocation artistique de l’adolescente. Il l’envoie à Saint-Pétersbourg étudier la peinture à l’école fondée par la mécène Maria Ténichéva, puis auprès du célèbre peintre réaliste Ilya Répine et du portraitiste Ossip Braz. En 1902-1903, la jeune fille accomplit un voyage en Italie. En 1905, mariée à son cousin Boris Sérébriakov, elle fréquente à Paris l’académie de la Grande Chaumière. Ses premiers tableaux, colorés, aux formes volontiers monumentales, dépeignent la campagne russe, ses paysans, les travaux des champs et les traditions populaires, dans une veine qui s’inspire encore de celle de I. Répine. Mais elle peint aussi des nus, empreints de sensualité, et des portraits. Dès 1909, son Autoportrait à la toilette, à la modernité surprenante, lui apporte la notoriété, alors rare pour une femme. Jusqu’à la révolution, sa carrière ne cesse de s’épanouir. Puis s’ouvre une période noire : le domaine de sa famille est brûlé ; son mari meurt de la typhoïde. Elle se retrouve seule et sans ressources pour élever ses quatre enfants. Elle réalise alors des œuvres au crayon et au fusain, à la mélancolie manifeste. En 1920, elle s’installe à Petrograd, mais refuse toute commande de propagande. Elle se cantonne au genre du portrait et ne participe pas aux expérimentations avant-gardistes révolutionnaires. En 1924, elle revient à Paris, où elle vit retirée. Elle entame un cycle de portraits de pêcheurs et de paysans. Voyageant au Maroc, elle en transpose la luminosité dans ses portraits de jeunes femmes berbères. À partir de 1966, soit cinquante ans après sa première reconnaissance, de grandes expositions lui sont consacrées à Moscou, à Leningrad et à Kiev, et ses albums sont imprimés à grand tirage.
Ada ACKERMAN
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions