Formée à l’école de Mary Wigman de 1929 à 1932, Birgit Åkesson abandonne son style expressionniste et commence à chercher sa propre forme de danse. Après une brève période d’étude chez Max Reinhardt à Berlin, elle fait ses débuts en solo à Paris, au Théâtre du Vieux-Colombier, dans un récital intitulé Danses modernes (1934), puis ouvre son école à Stockholm. Après un nouveau spectacle en 1936, la critique se montre aussi sévère qu’elle-même et, pendant dix ans, elle ne danse plus en public. En 1946, elle rompt le silence avec un nouveau récital où elle danse avec une extrême concentration, lentement, dans un flux ininterrompu de mouvements. Après Stockholm, elle conquiert une réputation internationale lorsqu’elle donne des récitals à Copenhague, à Prague, à Londres, à New York, à Paris, à Milan. L’artiste se sent plus proche des peintres et compositeurs contemporains, Picasso, Calder, Arp ou Hindemith, que des danseurs. Œil, sommeil en rêve est le résultat de sa collaboration avec le poète Erik Lindegren et le compositeur Karl-Birger Blomdahl (1953), suivi en 1957 par Sisyphus, à l’Opéra royal de Stockholm. Elle y produit sept ballets dont Minautor (1958), Rites (1960), Jeux pour huit (1962) et Icare (1963). À l’instar de ceux de Martha Graham qu’elle a rencontrée aux États-Unis, ses ballets sont souvent inspirés par des mythes classiques, mais elle privilégie l’abstraction, écartant le goût du sang et les références de M. Graham à la légende américaine. Après avoir créé le solo Les Heures du jour pour Erik Bruhn à la télévision suédoise (1967), elle quitte la danse et réalise son premier voyage en Afrique pour étudier les danses rituelles. Elle y retourne plusieurs fois et, en 1983, publie le résultat de ses recherches. Elle conduit aussi des voyages de recherche en Chine et au Japon pour étudier les formes de danse en Asie. En 1989, elle crée deux solos pour le danseur Chiang Ching et recrée à l’Opéra de Stockholm, pour la jeune ballerine Marie Lindqvist, La Danse de Perséphone, solo de Sisyphus. Parfois nommée « Picasso de la danse », elle demeure l’une des pionnières de la danse moderne européenne du XXe siècle.
Erik NÄSLUND