D’une famille rurale catholique, Elizabeth Inchbald arrive à Londres à l’âge de 19 ans avec le désir d’être comédienne. Pour échapper au harcèlement que lui valent son sexe et sa jeunesse, elle épouse un acteur beaucoup plus âgé qu’elle. Ils sillonnent l’Écosse avec leur troupe, puis résident successivement à Liverpool, Canterbury et dans le Yorkshire. Veuve en 1779, elle continue sa modeste carrière à Dublin ou à Londres, jouant dans des rôles classiques ou des pièces contemporaines (The Belle’s Stratagem, de Hannah Cowley*, par exemple). Entre 1784 et 1805, s’inspirant souvent d’œuvres françaises, elle fait représenter une vingtaine de ses propres pièces (des comédies, des drames sentimentaux, des farces) mais on pense qu’elle en a écrit davantage. Jane Austen* mentionne Lovers’Vows (« serments d’amoureux »), une adaptation, dans Mansfield Park. On peut citer deux romans, incarnations des tensions entre soif d’indépendance et aspiration à la respectabilité, représentatifs de l’univers de cette auteure : Simple Histoire, 1791 ; Henri et William, ou La Nature et l’art, 1796. Il existe de nombreux portraits d’E. Inchbald ; politiquement radicale, amie du philosophe Godwin et du dramaturge Holcroft, elle passionne actuellement les gender studies.
Françoise LAPRAZ SEVERINO