Née probablement à Châtillon, la comtesse de La Suze, petite-fille de l’amiral de Coligny, épouse, après un veuvage précoce, Gaspard de Champagne en 1647. Convertie au catholicisme en 1653, elle fait annuler son mariage en 1661, se libérant ainsi de toute tutelle. Bien en cour au Louvre, familière de
Christine de Suède*, elle fréquente les salons parisiens (l’hôtel de Rambouillet, le salon de
Ninon de Lenclos*) et reçoit elle-même un groupe d’auteurs galants. Elle publie ses premiers vers en 1653 (
Recueil dit
Sercy en vers),
et ne cessera d’en composer : madrigaux, odes, stances, idylles, sonnets et surtout élégies, ce genre étant resté attaché à son nom. Pellisson l’associe aux
Recueils de pièces galantes qui paraîtront de 1664 jusqu’en 1748. Les élégies de la poétesse, d’inspiration pastorale, privilégient la tendresse, ce sentiment « inventé » par
Madeleine de Scudéry*. On y trouve « ce que la passion peut inspirer dans les cœurs et fait dire aux amants les plus tendres avec des expressions qui étaient inconnues avant qu’elle ne se mêlât d’écrire en vers » (J. Donneau de Visé,
L’Amour échappé). Si elle est incontestablement dite « précieuse », Iris (comme la nomment nombre de poètes) privilégie le naturel. Elle accueille et protège la seconde génération de femmes de lettres (M
lle Certain,
Mlle L’Héritier de Villandon*, M
me d’Esche, M
me de Lauvergne, M
lle Petit). Élue à l’académie des Ricovrati parmi les Sept Merveilles de la République des lettres sous le nom de l’Immortelle, elle figure en Grâce au frontispice du
Parnasse français de Titon du Tillet.
Myriam DUFOUR-MAÎTRE