Fille de l’actrice et chanteuse lyrique Jane Lawrence et d’un des peintres et sculpteurs abstraits modernistes les plus célèbres de l’après-guerre, Tony Smith, Kiki Smith s’installe à New York en 1976. Elle y fréquente les milieux rock et artistiques. Elle participe au groupe Colab (Collaborative Projects, Inc.) qui s’oppose aux structures traditionnelles de diffusion de l’art et de son marché. Grâce à Jane Dickson, elle réalise ses premiers monotypes. Dès 1979, la jeune artiste découvre et copie les illustrations du manuel Gray’s Anatomy (1901). Ses premiers objets sont en plâtre, mais elle va rapidement faire varier les matériaux, associant ainsi avec humour des matériaux nobles à des formes appartenant au domaine de l’ignoble. Le corps, pris dans sa matérialité, corps ouvert, disséqué, abject, exsudant des fluides et des substances, est support de narrativité. Elle désigne elle-même, à la source de sa démarche créatrice, Louise Nevelson*, Lee Bontecou*, Louise Bourgeois*, Eva Hesse*, Meredith Monk* et surtout Nancy Spero*. Dans les années 1990, la disposition des objets dans l’espace prend de l’importance et s’apparente à de véritables installations. Elle poursuit un travail de subversion de figures bibliques et topiques, féminines le plus souvent, appartenant à l’histoire de l’art (Untitled). Depuis le milieu des années 1990, son travail s’est déplacé hors du corps humain, vers le cosmos, par le biais de gravures ou d’installations qui mêlent animalité et conte de fées, et suggèrent émerveillement ou effroi.
Émilie BOUVARD
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions