Native des Açores, où elle vit jusqu’à l’âge de 11 ans, Natália de Oliveira Correia fait de cette île le pivot principal de son œuvre, sorte de figure maternelle – mère-île, mère-femme, mère-patrie. L’écrivaine s’est confrontée à différents genres littéraires, de la poésie à l’essai, en passant par le théâtre, les récits de voyage et les Mémoires. Si elle a commencé par la littérature enfantine avec Grandes aventuras de um pequeno herói (« grandes aventures d’un petit héros », 1945) et le roman avec Anoiteceu no bairro (« il fait nuit dans le quartier », 1946, réédité en 2004), c’est avec la poésie qu’elle trouve l’expression parfaite de son caractère à la fois lyrique et ironique (Dimensão Encontrada [« dimension trouvée »], 1957). Dans ses poèmes, elle fait l’apologie de la femme comme matrice archétypale de la liberté érotique et passionnelle (Mátria, 1968). Avec William C. Hyler, son second époux, elle découvre les États-Unis, et de ce voyage naîtra l’essai Descobri que era europeia, impressões de uma viagem à América (« j’ai découvert que j’étais européenne, impressions de voyage en Amérique », 1951). Auteure d’anthologies, elle est condamnée à trois ans de prison avec sursis pour Antologia de poesia portuguesa erótica e satírica (1965). Créatrice d’une œuvre vibratile mêlant lyrisme amoureux et mystique, satire railleuse, subjectivité romantique et objectivité réaliste, elle opte pour le ton de l’indignation, à l’écart des modes, refusant de modifier son œuvre pour la faire entrer dans des genres littéraires répertoriés. Journaliste à Rádio Clube Português dès 1944, elle s’est aussi consacrée à la presse écrite et a exercé comme éditrice et directrice de rédaction, ce qui lui vaudra une mise en accusation pour avoir publié les Nouvelles Lettres portugaises, de Maria Isabel Barreno, Maria Velho da Costa et Maria Teresa Horta − publication révélatrice de sa personnalité rebelle œuvrant à une conception novatrice de la condition des femmes. Impliquée dans la politique et dans le monde de la culture, elle a siégé comme députée à l’Assemblée de la République (1979-1991), a participé à divers mouvements de l’opposition antifasciste, a été consultante auprès du secrétariat d’État à la Culture en 1977 et a présidé à la création du Front national de défense de la culture en 1992.
Andreia CARVALHO